Rencontre avec Laure Helbert, en formation CAP Constructeur de réseaux de canalisations, au CFA de Ploërmel

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire cette formation ?

J’avais 10 ans lorsqu’un ami de mon père est venu faire des travaux à la maison avec un tractopelle. Il m’a alors expliqué à quoi servaient les réseaux et j’ai pu monter avec lui. Cela m’a donnée depuis ce jour, l’envie de devenir Conducteur/rice de pelle.

Je n’ai jamais changé de voie depuis, même si l’on a essayé de m’en dissuader en m’expliquant que ce métier n’était pas fait pour les femmes, que c’était un monde macho… J’ai compris en me lançant dans ce domaine que la réalité était tout autre.

Pour pouvoir être bien dans ce métier, il faut faire ses preuves et ne pas se laisser marcher dessus.

Justement, que pourriez-vous dire aux femmes qui hésiteraient à se lancer dans cette voie ?

Je leur dirai très franchement qu’il ne faut pas hésiter, qu’il vaut mieux essayer, car comme on dit souvent « celui qui ne tente rien, n’a rien ». Même si au départ on se rend compte qu’il y a beaucoup d’hommes, il y a quand même des femmes qui y arrivent, et dont on peut se servir d’exemple.

Je suis la seule fille dans ma classe et cela se passe vraiment très bien. Au début, ils m’ont regardé un peu bizarrement et comme ils ont vu que j’avais un fort caractère, ils ont été gentils avec moi. De manière générale, si c’est trop difficile physiquement comme parfois lors d’un exercice pratique, ils n’hésitent pas à m’aider spontanément.

J’ai eu beaucoup de mal au départ il est vrai à me projeter dans une entreprise, car lorsque je passais des entretiens pour un stage, la majorité n’avait pas de locaux réservés aux femmes.

Aujourd’hui, je suis en stage dans une entreprise dont le directeur a réservé un endroit pour les femmes.

Il est certain que si les entreprises ne donnent pas l’opportunité d’accueillir des femmes, ils se privent d’une autre manière de penser et d’agir.

Pensez-vous que le métier de Canalisateurs est indispensable ? Pourquoi ?

Une chose est simple, si on ne pose plus de canalisations, cela veut dire plus d’eau, plus de gaz, plus de chauffage... Sans les canalisations, il n’y a rien qui est transporté.

Pour les anciens, tout cela est précieux. Pour nous les jeunes, qui avons grandi avec l’accès à tout, il est peut-être difficile de se rendre compte de cette valeur. 

Les riverains, la plupart du temps, ne sont pas contents qu’il y est des travaux, mais en fait, c’est grâce à notre travail qu’ils peuvent vivre de façon normale.

Et dans 10 ans, où vous projetez-vous ?

Je me vois dans une pelle en train de faire des fouilles de réseaux.

Je souhaiterai ouvrir une entreprise de canalisations, j’espère pouvoir commencer à me lancer dans l’entreprenariat.